Le petit prince disait : « l’essentiel est invisible pour les yeux ». Voilà une phrase précieuse, tant pour nos entreprises que pour notre développement personnel.
Bien sûr, il y a tout ce qu’on voit, qui constitue ce que nous appelons la réalité : nos réalisations matérielles et techniques, les chiffres, les lois du corps... Il ne s’agit pas de nier tout cela, de s’exalter comme des fous, de se prendre pour des anges ou de se mettre à planer. Seul un arbre profondément enraciné dans le sol peut s’élever majestueusement vers le ciel.
Bien sûr, il y a les difficultés, les soucis, la crise, la crise, la crise. Il ne s’agit pas de sombrer dans le déni ou l’optimisme béat. Refuser de voir les problèmes en face n’a jamais été le meilleur moyen pour les solutionner.
Evidemment, il y a le visible, ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure. L’imparable, l’irréfutable. Le « c’est comme ça ». Pas question de ne pas tenir compte de la boue qui colle à nos chaussures. C’est la vérité du chemin qui en constitue la beauté.
Mais, il y a aussi tout ce qui n’est pas visible : l’amour, l’amitié, le courage, la paix et la poésie. Cet invisible qui existe tout autant, si pas plus, que bien des choses apparemment irréfutables. Que seraient nos vies sans toutes ces choses qui ne s’offrent qu’à ceux qui comprennent qu’elles ne se donnent pas dans la pleine lumière, crûment, à nu ?
Et puis, il y a tout ce qui n’existe pas tout à fait, ou pas de façon totalement massive, positive. Ce qui n’est pas statufié, sculpté dans le marbre ou graver dans l’acier. Ce qui a besoin pour exister de légèreté, d’insouciance, d’ombres et d’approximations : Le sourire d’un enfant, l’élan du cœur, une parole balbutiante... le projet auquel personne ne croit mais que notre cœur nous exhorte à suivre, coûte que coûte.
Combien de projets décisifs sont nés d’élans qui faisaient se gausser les savants, les dogmatiques, les détenteurs de la vérité toujours pareille ? Combien de visionnaires ont du tenir le coup face aux moqueries, aux quolibets, aux fausses évidences. « La terre, pas au centre de l’univers ? Ridicule!»
Nos entreprises ont besoin de rigueur, de performances, de stratégies. Elles ont tout autant besoin de poésie et d’utopie. L’utopie, ce n’est pas le pays des songes où l’on se perd. C’est ce qui peut être construit si on écoute la petite voix en soi, si on y croit vraiment ensemble. Ecoutez : elle est aussi en vous, elle est en chacun, le cadeau que nous avons à offrir aux autres, au monde.