1er Septembre. Rentrée des classes. Partout, des enfants qui jouent, rient, pleurent, tombent dans les bras l’un de l’autre ou se blottissent contre des parents difficiles à quitter.
Banalité du quotidien, dont l’extraordinaire ne nous frappe plus.
Enseignements de l’existence auxquels nous demeurons, affairés, si souvent étrangement sourds.
Et pourtant, quelle leçon ils nous donnent, ces courageux petits bouts qui, le cartable au dos, reprennent le chemin des écoliers !
C’est que les séparations sont toujours délicates à gérer, la nouveauté fait peur.
Ces gamins de deux, trois ans nous montrent qu’apprendre à marcher, c’est prendre le risque de faire un pas dans le vide. Oser l’instabilité pour pouvoir avancer. Tout, dans la vie, témoigne d’ailleurs de cette loi : Le désordre est nécessaire pour inventer de nouvelles possibilités d’être. Le bug, tout douloureux qu’il soit, est appel à repartir de nouveau, autrement, pour aller plus loin.
Créer, ce n’est pas faire table rase, c’est amener ce qui existe vers de nouveaux possibles.
L’imprévu, c’est l’appel que nous adresse la vie pour que nous osions nous remettre en question et avancions, d’évolutions en évolutions.
L’impossible, c’est ce qui n’existe pas encore, attend notre action, a besoin de notre présence, pour avoir lieu.
Face à l’émotion qui nous saisit en confiant nos enfants à d’autres, nous redécouvrons aussi le petit que nous avons été, avec ses soifs d’amour, ses enthousiasmes, ses craintes.
Cet enfant, qui se cache en chacun de nous et qui, pour pouvoir grandir a parfois besoin d’être entendu, compris, rassuré. Combien de troubles d’adultes proviennent de l’enfance blessée ou revancharde en nous !
Et si Septembre nous offrait l’occasion de tendre la main vers le bambin que nous fûmes et restons quelque part, de lui dire que tout va bien se passer, qu’il peut marcher joyeusement vers demain, malgré la difficulté, les embarras, les défis qui semblent, parfois, bien difficiles, à relever ?
Oser la confiance, quel beau programme pour la reprise du travail. Accepter d’entendre la part fragile, n’est ce pas le plus grand signe de la force ?
L’entreprise n’est pas l’école, c’est évident. Mais la vie ignore au fond la plupart de nos divisions, et il est important que nous puissions continuer à apprendre d’elle, comme à l’époque où, enfants, nous commencions à chercher dans les livres et les rencontres, à développer nos possibles.
Nous vous souhaitons donc à tous, de pouvoir vivre au maximum de vos possibilités, de grandir au contact des autres ; nous vous souhaitons aussi de ne jamais désespérer, d’être capable d’endurer les impasses et insécurités en vous disant que ces moments de nuit vont vous permettre d’inventer la lumière. Comme le dit Edmond Rostand : « En croyant à des fleurs, souvent, on les fait naître ».