Il y a les mots ronflants, aux tonnerres d’applaudissements, qui ne nous donnent pas forcément des éclairs de lucidité. Les grands mots tonitruants dont la force nous réveille mais dont le bruit assourdissant nous permet parfois de continuer à faire la sourde oreille.
Il y a des mots si doux mais qui sont devenus usés, tant on les a ressassés sans en vivre ou y penser. Ils laissent un goût de sable en bouche, une amertume, un regret ; disent parler d’égalité mais nomment parfois un maître qui, dans l’ombre, reste muet.
Il y a des mots idiots de ne pas être accompagnés, qui ne devraient sortir en ville qu’en étant bien entourés. Il y a des mots passe partout, des mots qui ne riment à rien, des mots qui blessent pour la vie ou qui annoncent le matin.
Il y a des mots tôt, des mots tard, des mots qui roulent au pas, d’autres qui passent sans vous voir.
Il y a des mots gais ou austères pour tout un dictionnaire.
Il y a les mots graphiques, les mots maitrise bien utiles par moments, mais incapables de dire ce qu’au fond on ressent. Il y a les mots précieux, les mots forts, les mots sciences. Il y a les mots qu’on attend toute une vie en silence.
Il y a des mots à la queue leu leu, bavardage, empoignade, joute. On voudrait que ça s’arrête, mais le dire ça en rajoute.
Il y a des mots d’enfant dont on oublie la pureté. Et pourtant, elle est là, quelque part en nous comme un secret.
Il y a les mots connivences, les mots ciment, les mots clefs. Il y a les mots tus, les bouches cousues, les mots cœurs et les mots quai.
Il y des mots c’est clair, pour tout un dictionnaire.
Chacun a ses mots doux, ses mots cœur, ses mots fous. Laissez-moi, quant à moi, vous offrir mon chouchou.
Pas un mot, deux en fait, une expression toute faite, qu’on emploie sans réfléchir, dans la joie, la défaite, mais qui quand on l’entend dit vraiment l’essentiel :
Le doute, le possible, le secret, la merveille.
Cette locution qui dit que même si c’est étrange ça vaut le coup d’être, je vous l’offre en cadeau, c’est l’expression : Peut-être…